René Char - Vivre avec de tels hommes
Tellement j'ai faim, je dors sous la canicule des preuves. J'ai voyagé jusqu'à l'épuisement, le front sur le séchoir noueux. Afin que le mal demeure sans relève, j'ai étouffé ses engagements. J'ai effacé son chiffre de la gaucherie de mon étrave. J'ai répliqué aux coups. On tuait de si près que le monde s'est voulu meilleur. Brumaire de mon âme jamais escaladé, qui fait feu dans la bergerie déserte? Ce n'est plus la volonté elliptique de la scrupuleuse solitude. Aile double des cris d'un million de crimes se levant soudain dans des yeux jadis négligents, Montrez nous vos desseins et cette large abdication du remords!
Montre toi ; nous n'en avions jamais fini avec le sublime bien être des très maigres hirondelles. Avides de s'approcher de l'ample allègement. Incertains dans le temps que l'amour grandissait. Incertains, eux seuls, au sommet du coeur.
..........Tellement j'ai faim.