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9 juillet 2005

Le rasoir d'Occam

Le rasoir d'Occam n'est pas issu des dernières technologies de rasage. Il s'agit d'une méthode heuristique ou d'un principe rôdé utilisé pour guider les phases initiales dans la construction d'une théorie et dans la sélection des multiples choix de réponses. Aussi connu sous les noms de principes d'économie ou de parcimonie, il nous oblige à favoriser, parmi différentes théories ou plusieurs hypothèses équivalentes, celles qui ont le moins d'hypothèses injustifiées. Il ne s'agit pas d'une loi ou d'un principe scientifique et il ne peut justifier une position en soi, pourtant il peut être très utile pour ce qui est de décider quelles idées il faudrait étudier en premier lieu. L'analogie du rasoir se réfère au fait de "sabrer" ou de couper de la théorie les variables ou concepts superflus qui introduisentpied_galet1 inutilement toutes sortes de complications.

Le rasoir d'Occam tire son nom de William d'Ockham (Occam étant sa variante latine) 1285-1349. Il était écrivain et théologien Franciscain et un des philosophes les plus influents du 14ème siècle. Ses enseignements furent parmi les premiers à être en rupture avec ceux des philosophes médiévaux le précédant, y compris le réalisme aristotélicien de Thomas D'Aquin. William luttait contre la pratique habituelle (toujours d'actualité) de décrire la nature en ayant recours à des abstractions non testables, tentant d'être aussi proche de la réalité physique que possible quelque soit le domaine étudié. On lui attribue une phrase célèbre: "Pluralitas non est ponenda sine neccesitate" c'est-à-dire : " La pluralité ne devrait pas être posée sans nécessité ", une autre de ses positions déclarerait : " non sunt multiplicanda entia praeter necessitatem" qui signifie " les entités ne doivent pas être multipliées sans nécessité". Des variantes modernes ont bien entendu vu le jour dont celle-ci "Ce qui peut être fait avec peu d'hypothèses sera fait en vain avec plus". William, cependant, ne fut pas le premier a exprimer de tels points de vue. La version la plus ancienne connue, attribuée à Aristote en 350 avant notre ère, déclare : "La nature prend toujours le chemin le plus court possible" et "Le plus limité, s'il est adéquat, est toujours préférable". Le théologien dominicain et philosophe français Durand de Saint-Pourçain (1270-1334) utilisait déjà ce principe avant William d'Occam. Plusieurs scientifiques ont depuis soutenu des principes de simplification identiques, comme la physicienne Nicole d'Oresme, Galilée et même Einstein qui disait : "Tout devrait être fait le plus simplement possible, ce qui ne veut pas dire de façon simplette ".

Le rasoir d'Occam n'est peut-être pas une loi exaltante ni même une propriété scientifique ni un axiome, mais son utilité cachée par son statut modeste en fait plutôt un principe bien établi. C'est un outil indispensable pour construire des modèles justes de théories à partir de données connues. Il y a toujours un nombre infini d'hypothèses possibles pour expliquer un ensemble de données ou d'observations d'un phénomène. Pour prendre un exemple mathématique, deux points sur un graphique peuvent être décrits par une équation décrivant une ligne droite, ou par des équations compliquant excessivement les circuits des lignes, ou même par des équations pour chaque type de ligne possible entre les deux extrêmes. Toutes ces équations, et leurs lignes résultantes, peuvent être réalisées dans le but de passer par les deux points, tout en convenant à toutes les données valables. Le rasoir d'Occam recommanderait, quant à lui, la relation linéaire la plus simple d'une ligne droite comme étant le meilleur candidat jusqu'à ce qu'une preuve supplémentaire, comme un point hors de cette ligne, garantisse qu'une solution plus complexe convienne.

Source

Image de Kris Laudato

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